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Quatrième dimanche de l’Avent : « Rorate cæli »

Cet article a été publié pour la première fois le 21 décembre 2014

Le quatrième dimanche de l’Avent

Le quatrième dimanche de l’Avent est appelé parfois dimanche de Rorate, du premier mot latin de l’introït chanté au début de la messe de ce dimanche dont l’usage liturgique existait déjà sous le pape Saint Grégoire le Grand (†604).

Rorate caeli desuper dans un manuscrit du Moyen Âge au château de Malbork [1]

« Nous voici entrés dans la Semaine qui précède immédiatement la Naissance du Messie : dans sept jours au plus tard, il viendra ; et selon la longueur du temps de l’Avent, laquelle varie chaque année, il se peut que l’Avènement tant désiré ait lieu dans six jours, dans trois jours, demain même.

L’Église compte les heures d’attente ; elle veille jour et nuit, et ses Offices ont pris une solennité inaccoutumée depuis le 17 décembre ». [2]

La messe du quatrième dimanche est un sommaire de tout l’Avent. Elle reprend à nouveaux tous les thèmes liturgiques abordés durant les trois semaines précédente. Isaïe répète son « Cieux répandez votre rosée », Jean le Baptiste nous dit encore « Préparez les voies », et nous offrons à Marie la « salutation angélique » [3].

Mais revenons à l’introït. Du latin introitus (« entrée »), l’introït est la prière du répertoire grégorien que récite le prêtre quand il monte à l’autel ou que chante le chœur durant la procession d’entrée d’une grand-messe.

Celui du quatrième dimanche, le « Rorate cæli » est tiré du Livre d’Isaïe (45,8) : « Roráte, cæli, désuper, et nubes pluant iustum : aperiátur terra, et gérminet Salvatórem. » (« Cieux, répandez votre rosée ; que des nuées descende le salut ! Que s’ouvre la terre et qu’elle donne naissance au Sauveur »).

La messe « Rorate »

Il existe aussi durant le temps de l’Avent ce que l’on appelle la messe « Rorate  » .

Tradition germanique très présente dans toute l’Europe centrale depuis le Moyen-Age, elle était à l’origine une messe de la férie de l’Avent avec une forte connotation mariale. Nous en avons encore un vestige avec le formulaire de la messe du mercredi des Quatre-Temps. Elle pouvait être chantée tous les jours en certaines églises où étaient célébrées plusieurs messes. De ces messes, il nous reste aussi de très beaux sermons de saint Bernard sur l’évangile de l’Annonciation Missus est.

Les deux particularités de la messe Rorate sont qu’on la célèbre très tôt le matin et à la lumière des chandelles, comme cela se faisait en des temps pas si anciens que cela. Nous pouvons aussi y voir une portée symbolique : la naissance du jour représente la proximité de la naissance du Christ et les fidèles dans l’église obscure, comme des « guetteurs d’aurore », sont le peuple qui attend l’arrivée du Christ, la lumière du monde parmi les nations [4].

Dimanche de Gaudete

Profitons en pour revenir sur le troisième dimanche de l’Avent dont nous n’avions pas parlé.

Le troisième dimanche de l’Avent quand à lui est appelé dimanche de Gaudete du nom du premier mot latin de l’introït de ce dimanche : « Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete » (« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous ! ») (Phil 4, 4-6). Cet introït rappelle la joie de l’Église qui est dans l’attente de l’avènement du Christ à Noël.

Ce dimanche de Gaudete est comme une pause au milieu de l’Avent et comme une anticipation de la joie de Noël. Pour signifier cette joie, les ornements liturgiques utilisés sont roses et non violets comme durant le reste du l’avent, sans toutefois passer encore au blanc, couleur de la fête de la Nativité.

« Le premier dimanche, la Rédemption apparaissait encore dans le lointain : « Vous verrez venir le Fils de l’Homme. Élevez vos têtes, car votre rédemption approche. » Le deuxième dimanche, l’Église nous montre le divin médecin qui nous dit de lui-même, en expliquant son programme rédempteur, qu’il vient « faire voir les aveugles... ; ressusciter les morts... ».

[Ce troisième dimanche], le Précurseur nous crie : « Il est au milieu de vous. » Il est vrai que « nous ne le connaissons pas encore » comme nous le connaîtrons un jour et que nous devons chercher à le reconnaître, maintenant, dans la foi et le mystère. Ce message joyeux est très semblable au message de Noël. Aussi comprenons-nous qu’au-dessus de ce dimanche plane une joie contenue mais intime et profonde, ainsi qu’une grande impression de respect. La liturgie de ce jour comprend comme deux étapes : les deux causes de notre joie. Nous sommes invités à nous réjouir : parce que le Seigneur est proche, et parce qu’il est au milieu de nous.

A proprement parler, il y a ici une contradiction ; comment peut-il être proche et cependant au milieu de nous ? La liturgie seule peut résoudre l’énigme. Par la grâce, il est au milieu de nous, pour la gloire, il est proche. » [5]


[2Dom Guéranger, l’Année Liturgique

[3Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

[5Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

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