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Le vrai article de Charles-Maurice

Ici se trouve l’article original écrit par Charles-Maurice, et publié avec quelques corrections sur Liberté politique.

INTER HOSTES :

Récit d’un Catholique dans le temple de la modernité intellectuelle.

Une génuflexion, un signe de croix, je quitte la chapelle derrière le chœur de l’église Saint Sulpice, il me restait un peu de temps avant mes cours pour prier. En me dirigeant vers la sortie, je passe devant la plaque de marbre à la mémoire des prêtres assassinés par la Convention. L’église est froide et sombre. Le temps semble s’être figé ici, et les lieux désertés. En sortant, le froid me pousse à fermer mon manteau et j’avance. Me voici désormais Rue Bonaparte, après un carrefour j’arrive sur le boulevard haussmannien jalonné de magasins de luxe, de banques et par les cafés occupés par bon nombre de maîtres-penseurs, les nouveaux intellectuels de Saint Germain-des-Près. Après quelques minutes de marche pour remonter le boulevard je tourne rue des Saint Pères, au 56 je rentre dans la cour.
Je pénètre à l’intérieur pour arriver devant la machine à café. En buvant je regarde les annonces et affichettes accrochées sur le mur. L’une d’entre elles présente deux hommes qui s’embrassent et un slogan : « non à l’ordre moral », mon regard se déplace vers la gauche, une affiche du NPA défend la libre contraception et l’avortement. Mon café a très mauvais goût. Le « think-tank » Terra Nova propose une nouvelle réflexion sur la société –en prenant soin de convier les représentants germanopratins de la diversité - et l’UMP est fier d’organiser une conférence importante pour l’avenir du pays, et sans langue de bois. En jetant mon café, je vois une affiche du Centre St Guillaume (CSG) dans la poubelle. Il s’agit de l’aumônerie catholique – je parle du CSG- qui propose de réunir les croyants et de faire découvrir l’œcuménisme aux étudiants. Et ce, notamment lors de la journée de présentation pendant laquelle des membres de l’aumônerie distribuent des morceaux de papiers où sont écrits des psaumes et des passages des Saintes Ecritures. La prochaine fois, je leur proposerais volontiers un badge avec leur prénom et une bonne phrase d’accroche « vous connaissez Jésus ? ». De parfaits témoins.
Une fois le jardin traversé j’arrive dans la « péniche », le grand hall d’entrée. Sur les murs de droite comme de gauche, il y a beaucoup d’affiches... du NPA qui veut « désarmer la police », du Front de Gauche qui présente son programme (« casse-toi pauv’ con »), du Parti Socialiste « section Jean Zay » qui affiche ses couleurs et sans oublier la courageuse affiche de l’UMP dont on distingue le sigle entre plusieurs autres affichettes. Sur une grande table sont disposés des journaux. La pile du « Monde » n’est plus, ni celle de « Libération ». Il reste des exemplaires du journal « la Croix ». Je lis la une d’un journal financier américain lorsque une jeune fille m’aborde et me demande de signer pour Amnistie International. De bonne Foi je refuse mais elle insiste prétextant que c’est pour la défense « des droits humains » en Iran ou pour la liberté de la presse en Asie du Sud-ouest, je ne sais plus. Bien que téméraire je décline à nouveau et la remercie. Elle persiste et m’assure que nous sommes tous concernés par les droits de l’homme et la justice dans une vision universelle. Ayant envie de débattre –elle a insisté- je lui demande à mon tour si cette universalité est considérée à travers l’absolu de Dieu. Ses yeux s’écarquillent. Elle m’explique alors avec beaucoup de franchise qu’il importe peu que ce soit pour « Dieu, Allah ou je ne sais quoi » et que cela est une préoccupation de tous les citoyens. Je réponds simplement que je préfèrerais le faire en tant que Chrétien, au nom de Notre Seigneur Jésus Christ, et qu’il est nécessaire de s’occuper en premier lieu de sa « famille », la France. Elle soupire, s’en va en concluant avec rhétorique et répartie : « facho.. ».

Je retourne à ma lecture. La foule grossit « en Péniche », les gens se pressent, le cours magistral va bientôt débuter.
Je me dirige vers l’amphithéâtre mais une personne à une autre table m’interpelle et me demande si je souhaite participer à une conférence sur l’homoparentalité. Je regarde le nom et les associations des intervenants sur son tract et lui fait part de ma surprise quant à l’absence de personnes pour défendre l’opposition à cette question. Selon le jeune homme, ce n’est pas un débat mais bien une conférence pour défendre les couples « gay et lesbiens qui n’ont pas les mêmes droits que les autres citoyens ». Il remarque mon dodelinement et me demande pourquoi j’ai cette réaction. Il y a du monde derrière moi, l’Unef a sa table juste à côté, j’hésite à répondre. Je me lance en expliquant que le mariage ne peut être selon moi qu’une union entre un homme et une femme. Cette réponse ne convient pas car je suis de toute manière dans le schéma archaïque des sexes alors que les humains se définissent par genres, ce qui constitue une pensée très anti égalitaire. Avec courtoisie je dispose et entre dans l’amphithéâtre.
Mon ami Alexis m’attend, il est pour une fois en avance. Son visage est froid et un peu triste. Il a appris qu’une partie de son jardin avait été « achetée à très bas prix » par l’Etat pour construire un espace sportif il y a quelques années. Nous soupirons et nous préparons à prendre des notes du cours. Deux heures plus tard la cours s’achève sous une pluie d’applaudissement comme à chaque fois avec ce professeur. Nous nous regardons, nous soupirons et esquissons un sourire. Désormais nous savons que Mai 68 a été un moment fantastique et un « progrès sans précédent » pour ce professeur, que le terrorisme n’est qu’une « conséquence d’un manque d’intégration sociale à l’échelle mondiale », qu’il est nécessaire d’envisager une répartition globale des richesses, que de toute évidence et en toute objectivité « Huntington n’est que de la théorie de supermarchés », et enfin qu’il était absolument nécessaire que l’espace mondial puisse évoluer vers l’unification du monde pour défendre les droits de l’homme. En quittant l’amphithéâtre, je salue Alexis qui a un autre cours et m’apprête à traverser le grand hall pour rejoindre des amis. Je remarque sur le côté droit une table que je n’avais pas remarquée avant et sur laquelle étaient disposés des tracts et une boite en carton. Dans celle-ci il y avait des préservatifs. Surpris et ayant mis quelques secondes à réaliser cela, une femme du stand me précise qu’ils sont gratuits et que je peux me servir. Afin de ne pas créer d’incidents diplomatiques (le Directeur est à quelques mètres dans le hall) je refuse avec gentillesse et avec un large sourire. Un jeune homme me demande alors si par hasard je préférerais « ceux-ci », c’est-à-dire avec le logo « gay » dessus, avec un aussi grand sourire. J’arrête de sourire et décline l’offre, avec courtoisie, et me dirige vers la sortie en évitant de justesse un tract de l’Unef. Je retrouve mes amis, allume une cigarette et nous parlons. A plusieurs mètres sur le même trottoir Loïc nous fait signe et nous salue juste avant que la voiture du Directeur conduite par un autre ne passe devant nous.
Ce fut une journée banale à Sciences Po Paris.

Le soir j’ai prié et remercié le Seigneur de me donner encore la force de croire. Puis j’ai réfléchis et me suis reproché de ne pas avoir été assez courtois aujourd’hui. J’aurais pu après tout accepter de signer sous un faux nom, dire que j’étais intéressé par l’homoparentalité, accepter les préservatifs en lançant « il faut sortir couvert ! ». Après tout, ça ne coûte rien. Mais je me suis souvenu de nombreuses choses.

Je me suis souvenu de cet étudiant qui avait écrit à un professeur de Sciences Po pour avoir un débat sur la théorie des genres. Le refus a été direct.

Je me suis souvenu des blocages, des assemblées générales où les étudiants de gauche huaient les quelques membres de leur propre parti qui avaient osé considérer « que les blocages n’étaient pas forcément la meilleure solution » ; et de toutes les autres méthodes brutales des organisations de gauche dont l’Uni et le Mèt (mouvement des étudiants) avaient fait les frais.

Je me suis souvenu de l’association islamique qui avait obtenu les faveurs de tout le monde et dont les jeunes filles membres affirmaient ostensiblement leur pudeur.

Je me suis souvenu de ces centaines d’étudiants venus de « Province » que cet esprit et cette pensée unique ont déraciné définitivement et dont l’esprit a été matraqué pour n’en faire que des individus détaché de la Réalité et éloigné de Dieu.

Je me suis souvenu de la première appellation de Sciences Po à sa fondation, « Ecole libre des Sciences Politiques ». Libre … . Libertaire, Sciences Po l’est assurément. Libérale, cela dépend des personnes et dans quel sens. Et la liberté d’expression et politique c’est bien sûr son credo. Mais le responsable administratif des associations a tenu à préciser que s’il refusait de permettre la création d’une section Front national à Sciences Po c’est par « soucis pour la démocratie ».

Enfin, me suis-je souvenu de ma lettre de motivation pour entrer à Sciences Po. J’y avais vanté la diversité et la qualité des enseignements (choses confirmées) mais aussi l’ouverture d’esprit. L’ouverture d’esprit selon Sciences Po ressemble en fait à la vertu selon Robespierre : un concept abstrait et très éloigné de la définition que pourrait donner l’Académie française.
Malgré les qualités de l’enseignement et de ses débouchés, Sciences Po est l’illustration parfaite des conséquences de l’abandon de Dieu et de la Patrie. Un saut aveugle vers une idéologie floue.
L’universalisme devenu athée est voué à défendre la cause des homosexuels iraniens et des journalistes birmans, mais il y a toujours le même mendiant devant l’église de Saint Germain-des-Près. La culture est devenu le terrain du relativisme absolu, des rappeurs sont invités à s’exécuter dans un amphithéâtre, le même où Monsieur B.B. professe que « l’art africain égale à de nombreux égards l’art occidental ».
Bien évidemment, ce cadre de pensée et ce bourrage de crâne excluent toutes possibilités de débattre ou de parler du Christ, de la Rédemption, de la Très Sainte Trinité, de la Chrétienté ou même de la Vie. Il est hors de question d’évoquer la France catholique ou la Fille aînée de l’Eglise. Et la morale est l’apanage des discours fascisants et intolérants.

La vie d’un Chrétien à Sciences Po doit être discrète et il doit apprendre à éviter les crachas, les moqueries et les provocations. Il peut aussi décider d’assumer et de défendre ses valeurs. En cherchant bien vous les trouverez. Ils sont peu nombreux, mais soudés. Ils prient ensemble, ils marchent ensemble et par dessus tout, ils croient.

Charles-Maurice.

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